LES PERLES-AUDIO DU LUNDI 05 AVRIL 2021

♦ Faut-il mourir pour naître ?
Pourquoi les enfants aiment-ils les histoires ?

Le travail, c’est la santé ?

• Faut-il mourir pour naître ?
• Pourquoi les enfants aiment-ils les histoires ?
• Le travail, c’est la santé ?

L’adage de la semaine…
« Au fond de l’Inconnu pour trouver du nouveau !
»
Baudelaire.

♦ L’EXPÉRIENCE HEBDOMADAIRE DE PROFONDE BONNE HUMEUR
saut

SANS LÉGENDE !

L’expérience des joies en lent débit et basse résolution
Les cloches sonnent.
Il est midi.
Mon ordi est mis sur pause.
Sans trop tarder, je quitte l’écran qui me tient à l’œil et, immédiatement, je me retrouve à nouveau à l’air libre, dans l’inspiration du moment. Attiré par la petite route vicinale au bout de la maison.
Surprise !
Je tombe nez à nez sur un ouvrier caché sous un vieux béret qui accepte mon bonjour. Il est en train de s’affairer à démêler les épissures des câbles au pied de « mon » poteau téléphonique. Il est seul à la besogne, son collègue s’adonne dans la fourgonnette à sa passion favorite, la pause déjeuner, saucisson et coup de gorgeon.
– « Vous installez la fibre ? », lui demandé-je.
– «… Ah là là ! les temps changent… » me répond-il en évaluant du coin de l’œil si je suis d’accord.
Il s’exprime en laissant serpenter sa pensée à son gré. Ça laisse du temps qu’il convient de ne pas précipiter.
– « … Heureusement que les temps changent… parce que… si c’était tout le temps la même chose… ça ne serait pas très intéressant… »
– « En tout cas, je vous remercie pour ce que vous faites. La fibre nous sera très utile dans nos activités à distance. »
– « … Ne me remerciez pas… c’est comme ça… c’est mon travail… c’est aussi important que mon béret sur la tête… il n’y a pas de secret… ou plutôt si… il n’y a qu’un secret… j’aime ce que je fais et je ne peux pas… faire autrement… »
Cette rencontre occasionnelle possède quelque chose de sublime, de musical, adagio, largo, soulevé par un sourire éblouissant. Son visage éclate de joie. Je suis autant honoré par ses dires que par l’art et la manière qu’il a de m’en faire part. Son allure bonhomme. Ses « r » qui roulent sous sa langue. Son vocabulaire qui prend l’air. Ça fait du bien de côtoyer un être humain original.
Une infinie reconnaissance renverse tous les pylônes à l’horizon.
Le paysage technologique se met à se gondoler. On se détend. On rit.
Le bonheur de s’ouvrir le cœur, sans se connaître plus que ça, nous soigne.
Sur ce, il se met à répéter ardemment ce qu’il vient de me dire.
Est-ce pour que je m’en souvienne longtemps ? Il ne semble pourtant pas trop intéressé par la postérité ni par l’envie de faire la leçon.
– « … J’aime ce que je fais… », s’excuse-t-il comme s’il s’agissait là d’une erreur. « Le souvenir de ma Kabylie me poursuit toujours et partout… bien sûr… je ne suis pas irremplaçable… je ne suis pas une machine… aussi je ne peux pas m’en empêcher… j’aime ce que je fais et j’aime aussi rencontrer des inconnus à qui parler, comme à des familiers… c’est la vie… »

Personne n’est obligé de se sentir oppressé ou stressé
La vraie victoire consiste à ne pas avoir besoin d’établir de performances.
Pas de records à battre. Aucune compétition. Rien de comparable.
La seule rébellion est celle de la bonté.
Cet aparté à midi, entre deux inconnus, lui Ali et moi Bernard, au pied d’un poteau qui mène tout droit au monde entier, était-ce l’un de ces moments susceptibles après coup de changer de destinée ?
Écouter, simplement, sans rien infliger ni rien rectifier. Juste échanger pour changer. Sans programme politique à imposer. Sans idéologie à décréter. Sans attitude va-t-en-guerre. Tant qu’il y aura des personnalités originales à qui parler comme Monsieur Ali, si rares, si précieuses, lui et moi, vous et nous, d’autres ici et là-bas, partout de par le monde à la ronde, tissant et tramant des fibres et des fils, et par dessus tout, partageant les révélations du moment, il nous restera des chances de survie, non ?
Ali avait cru bon de m’avertir :
– « La fibre numérique, c’est bien… mais rien ne remplacera la fibre sensible… La fibre artificielle… ça donne à chacun l’impression d’obtenir les magies d’une lampe d’Aladin… mais l’important… le plus important… le plus important de l’important… c’est de pouvoir s’entendre… parce que… ».
Et d’ajouter presque aussitôt :
– « … Parce que le réel, quand on s’entend bien, ne fatigue pas… rien ni personne… au contraire… »
De fil en aiguille, nous en sommes venus à parler de « convivance* ». J’ai admis que ce mot ne se trouvait peut-être pas dans le dictionnaire et que je l’avais peut-être rêvé. Il m’a soutenu que ce mot méritait une place centrale dans la vie d’aujourd’hui et que s’il n’existait pas, il fallait l’inventer.
– « … Moi, j’ai été viré de mon ancien boulot par des robots… On a remplacé les hommes par des machines sans s’inquiéter de savoir si… ces machines… aimaient le travail qu’elles allaient devoir faire… Bientôt, y aura-t-il encore une existence pour la convivance de gens comme nous ? »

• Après un long silence dont il a le secret
Ali a complété sa pensée par une énigme :
– « … Le réel dépasse la fiction… »
Puis, en retirant son béret, il m’a salué pour le bon temps passé ensemble et s’en est allé rejoindre son collègue dans la fourgonnette pour avaler vite fait les restes.
– « Le réel dépasse encore la fiction », m’a-t-il une fois de plus lancé par la vitre baissée.
Cette dernière phrase me trotte maintenant dans la tête avec insistance.
Voulez-vous que l’on se donne rendez-vous au pied d’un poteau, ce gardien de la nouvelle religion des réseaux, pour que l’on s’en parle ?

———————
* Dans l’après midi, en rallumant mon ordi, je suis allé vérifier si le mot « convivance » existait.
Le Wiktionnaire me l’a confirmé :
« convivance \kɔ̃.vi.vɑ̃s\ féminin – fait de vivre ensemble harmonieusement ».

• LE CADEAU DE LA SEMAINE
Les 23, 24 et 25 septembre 2022 -À Terre d’Alliance près d’ALBI (81)

envol_oiseauL’ÉLAN CRÉATEUR avec ART
3 jours d’expériences originales (attendez-vous à être stupéfait !)

S’entraîner à animer, réaliser et transmettre…
À l’aide des méthodes de l’animation créative et d‘exercices pédago-ludiques

Animé par Bernard Leblanc-Halmos

 

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