♦ Sommes-nous attendus au tournant ?
♦ Pourquoi la vie n’est pas un long fleuve tranquille ?
♦ Le temps fait-il du bruit ?
• Sommes-nous attendus au tournant ?
• Pourquoi la vie n’est pas un long fleuve tranquille ?
• Le temps fait-il du bruit ?
L’adage de la semaine…
« Il n’est plus temps de regimber quand on s’est laissé entraver »
— Montaigne.
♦ L’EXPÉRIENCE HEBDOMADAIRE DE PROFONDE BONNE HUMEUR
JE NŒUD DOIS PAS…
• À commencer par la nuit
Vous connaissez certainement des personnes insomniaques, mais avez-vous déjà entendu parler des « ortho-somniaques* » ? Des aspirants dormeurs qui finissent par pourrir leurs nuits sous prétexte de satisfaire à l’injonction qu’il n’y a rien de mieux qu’un parfait sommeil pour récupérer. Des adeptes d’un corps de rêve et d’un mental d’acier qui ont certainement tout lu et tout vu sur leurs réseaux d’informations santé à propos des bienfaits d’une bonne nuit réparatrice. Le meilleur remède soi-disant, non seulement pour être bien dans sa peau, mais également pour envisager un retour à un poids idéal et pour l’obtention d’une réponse immunitaire tip top.
En suivant les conseils marketing des marchands de rêve, ils se sont équipés en ustensiles capables d’accompagner en douceur leurs nuits et en applications numériques susceptibles de leur moucharder les moindres défauts de leurs dodos :
– oreillers à mémoire de forme et à température variable selon les séquences nocturnes,
– bracelets électroniques haut de gamme pour analyser les cycles de leur roupillon,
– appareils luminescents ultra-pointus pour des réveils agréables en lumière bleue, afin de sortir progressivement d’un bain de cocooning délicieusement soporifique programmable à souhait,
– assistance matinale en feedback par la délivrance d’une note de 1 à 20 afin d’estimer s’ils ont bien ou mal dormi…
* Le docteur Kelly Glazer Baron, qui occupe le poste de professeur à la Feinberg School of Medicine de la Northwestern University et de la Rush University Medical School à l’Université de l’Utah (USA), a inventé le mot « orthosomnie » pour décrire les cas, de plus en plus nombreux, de patients qui ont perdu le goût du sommeil parce qu’ils voulaient être rassurés par la qualité de celui-ci au moyen de multiples applications et objets connectés…
• L’auto-tyrannie se poursuit dans la journée
Bienvenue dans le cauchemar des nostalgiques des miradors pour une vie moderne pleine de bienveillances commerciales par le biais d’une surveillance totale et dictatoriale ! Une vigilance parfaitement robotisée qui ne laisse rien au hasard.
Les exigences d’une rentabilité croissante vous poussent à acheter d’autres produits d’auto-évaluation et d’autres systèmes d’auto-emprisonnement. Pris en main par des serveurs intelligents, vous ne deviendrez peut-être pas absolument maître de vous, de votre temps, de vos performances, 24 heures sur 24, 365 jours par an, mais, sans relâche, en info continue par computing-coaching, vos ordinateurs vous suivront et vous devanceront, en libre service partout où vous irez.
Plus un moment de répit.
Plus de marge de liberté.
Plus de moment de grâce.
Aucune nuit en subconscience, à la belle étoile.
Au final, plutôt que de devenir un homme augmenté, vous risquez fort de vous sentir diminué.
• Résultat : patatras !
Quand une tête humaine en est réduite à se transformer en war-room où règnent l’orthodoxie de l’alimentation, l’orthonormie de la pleine forme et l’orthogénie de la conscience… elle s’expose à tourner machine par cette mise en filature constante. Il faut sans cesse épier et se battre contre des ennemis désignés : le surpoids, le mauvais cholestérol, les pensées négatives, les gens nocifs, les pervers narcissiques, les rendez-vous non-coopératifs… bref, tout ce qui n’est pas normal. Cependant, avez-vous essayé de faire confiance à l’auto-mesure raisonnable et rationnelle de vous même par vous-même ? Sans vous sentir en faction, prisonnier de vos alertes, stressé par vos tours de garde, surtout la nuit, arraché à votre sommeil pour vous remettre dans la bonne position par de multiples « trackers » qui épient le moindre ronflement et vous horripilent comme des grincements des portes de prison.
À vouloir tout surveiller, la pression artérielle, les nerfs, les réactions intempestives subconscientes, les sentiments incontrôlés ne s’arrangent pas.
Toute vie placée sous tutelle finit par se dégrader.
Mis sous un régime autoritaire, au pain sec et à l’eau, on vit peut-être un peu plus vieux, mais tellement plus à l’étroit en soi.
• Les opportunités d’existence au petit bonheur la chance ont-elles disparu ?
Adieu les belles nuits des outres-rives, vouées aux arrivages de fantaisies !
Finis les rêves qui ne prennent pas évidemment toujours le droit chemin !
Terminés les bras de Morphée, cette superbe divinité des métamorphoses !
Ciao la poésie des humeurs fécondes et vagabondes venues au débotté nous épauler !
La volonté d’éviter de se laisser robotiser n’est-elle pas de plus en plus souhaitable ?
L’envie de retrouver un art de vivre plus artisanal et plus original, avec ses pleins et ses déliés, ses joies et ses peines, ses lignes de fuites et ses négociations de virage en épingles à cheveux ne peut-il pas retrouver ses lettres de noblesse ?
Des espaces vivants restent à reconquérir, non ?
Des temps vibrants à diversifier, c’est encore envisageable, vous ne croyez pas ?
La confiance-conscience diurne et nocturne est à réhabiliter, n’est-ce pas ?
La profonde bonne humeur n’est-elle pas le plus beau cadeau à se faire dans ces entre-fêtes ? Dormons bien, veillons bien et réveillons-nous, tout bonnement !
• LE CADEAU DE LA SEMAINE
Je viens de relire
L’INTELLIGENCE HUMORALE
Vous connaissez ?
Ces pages, que j’avais sans le savoir intégrées, sont plus actuelles que jamais. Si vous souhaitez bien étrenner l’année qui sen vient,
lisez ou relisez ces incitations
à l’enthousiasme* – notre capital de vie à sauvegarder et à fructifier entre générations !
* « Enthousiasme : mouvement extraordinaire d’esprit causé par une inspiration qui est ou qui paraît divine. Transport qui s’empare de l’âme, la maîtrise et la met hors de la situation ordinaire » — Dictionnaire de la Langue française – 1829.